Notre Dame de la Clue à Saint Auban, histoire du Sanctuaire au de 130 années

La longue chaîne rocheuse (ouest-est), qui va de Soleilhas au Mas, a de tous temps constitué un
obstacle majeur difficile à franchir, (souvent considéré comme infranchissable) et cependant
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franchie deux fois par l’Esteron en passant par ces fractures brutales que sont les clues, c’est ce que
nous pouvons voir à Saint-Auban. Ces passages utilisés par les eaux n’étaient utilisables par
l’homme qu’au prix de grands périls. L’histoire en prit acte et considéra cette chaîne de rochers
comme une frontière : Saint-Auban était le dernier village appartenant au Diocèse de Senez et
Briançonnet qui fut d’abord un Evêché s’est trouvé rattaché au Diocèse de Glandeves (Entrevaux).
On pouvait aller de Saint-Auban au Prignolet et à la Sagne en empruntant le chemin dit du
« Tracastel » qui montait du Village à l’ancien château et descendait jusqu’au vallon de Saint Pierre.
Le chemin le plus utilisé pour aller de Saint-Auban à Briançonnet montait par les Défends jusqu’au
pas de l’Escouissier et de là descendait à Brianconnet en passant aux « clots de la rivière ». On
pouvait aussi emprunter le passage de Baratus pour aller à Gars, mais ces passages même s’ils
étaient connus depuis l’époque gallo-romaine restaient malaisés même pour un petit charroi. On
imagina donc en 1714 de tailler dans les parois rocheuses de la clue un chemin assez large et stable
pour gagner l’autre rive de l’Esteron. Beaucoup d’hommes trouvèrent la mort dans cette entreprise,
si bien que l’on appela ce chemin « chemin de Malemort ». Ce chemin d’une longueur d’environ
300m était impressionnant, au-dessus des têtes le rocher menaçant, et en dessous des pieds le
vertigineux précipice tout au fond du quel rugissent les eaux de la rivière.
C’est néanmoins sur ce chemin qu’en 1887 naquit le pèlerinage à Notre-Dame de la Clue.
En 1887 près de 30 ans se sont écoulés depuis qu’à LOURDES la petite Bernadette Soubirous avait
reçu des « messages de la vierge Marie ». La dévotion à celle que l’on appelle Notre-Dame de
Lourdes se développe rapidement dans toute la France, partout où on voit une « grotte ou une
caverne » on veut faire un lieu de prière…C’est alors qu’une femme pieuse de Briançonnet fait
l’acquisition d’une « statue » représentant Notre-Dame de Lourdes et demande qu’un oratoire soit
aménagé sur le « chemin qui traverse la clue ». On creuse donc une niche à même le rocher et l’on y
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dépose la statue. (On peut encore apercevoir cette « niche » aujourd’hui depuis la route) et le 8
septembre 1887 de Briançonnet et de Saint-Auban on y vient en pèlerinage.
C’est peu de temps après que la décision de tracer une nouvelle route plus large et en entrant au
niveau où l’Esteron précipite ses eaux dans la Clue à 20 et 25 m plus bas. Pour sortir à ce niveau il
fallait creuser un tunnel. Ces travaux durèrent plusieurs années. Pour faire cette route il fallut
plusieurs passages en encorbellement ; environ 150m après l’entrée dans la clue à ce niveau
l’ingénieur en chef de ces travaux découvrit un vaste creusement naturel sans doute dû au passage
de la rivière à une époque lointaine (plus de 100.000 ans) où la clue ne s‘était pas encore effondrée
à plusieurs dizaines de mètres plus bas. Cet ingénieur originaire du Bar sur Loup, s’appelait Mr
Flory, pendant la durée des travaux il s’était installé à l’hôtel Bonnome, pendant deux ou trois ans.
Il suggéra aux habitants du lieu d’installer là une statue de Notre-Dame de Lourdes. Justement la
construction de la nouvelle route exigeait que beaucoup de roche soit détruite pour qu’elle ne
menace pas en s’écroulant la nouvelle route, ainsi l’ancien chemin fut détruit et l’on ne pouvait plus
accéder à l’oratoire en venant de Brianconnet. Le curé de Saint-Auban le Chanoine Rebuffel fit
poser une nouvelle statue, plus grande sur un grand piédestal en pierres taillées au milieu de la
grotte c’était en mai 1889. La nouvelle route ne fut achevée qu’en 1892, alors on enleva la statue
qui se trouvait dans la niche de l’oratoire de l’ancien chemin et on fabriqua une niche au-dessus de
l’autel de la grotte où on pouvait célébrer la messe et où elle trouva sa place. Il y avait donc deux
statues de Notre-Dame de Lourdes dans ce nouveau Sanctuaire, ce qui a souvent intrigué les
visiteurs : l’ancienne plus petite mais placée au-dessus de l’autel était celle de Briançonnet et l’autre
plus grande et plus haute placée au centre de la grotte, celle de Saint-Auban ! (La rivalité entre les
deux villages a toujours existé et n’est peut-être pas totalement éteinte aujourd’hui).En 1892 donc le
Chanoine Reynaud curé de Saint-Auban mais originaire de Briançonnet organisa la grotte, un petit
mur sur lequel on plaça une grille en fer forgé fermait la grotte sur la route dès lors on avait la
configuration qui est celle que nous connaissons aujourd’hui.
La fête continua d’être le 8 septembre pour la Nativité de Marie, ce jour là de tout le Chanan et du
doyenné de Saint-Auban on venait en pèlerinage heureux de se rencontrer et de manger ensuite sur l’herbe. Le matin il y avait la Messe et l’après-midi les vêpres le prédicateur était un des curés de 3 villages environnants (on se souvient de Mr Febre curé du Prignolet). On prit l’habitude aussi d’yréunir les communiants au printemps. Jusqu’à la fin de la guerre de 14-18, C’était uniquement un rassemblement religieux. C’est en 1919 que Saint-Auban qui avait sa fête patronale le 21 juin pour célébrer Saint-Alban fit de la fête la Clue sa principale fête avec tout un assortiment d’autres réjouissances, bal, boules aubades etc. En 1962 on célébra dignement le 75 ème anniversaire du pèlerinage le 2 Septembre.
Depuis cette époque la Fête de Notre-Dame de la Clue se célèbre lors du Samedi ou du Dimanche le plus près du 8 Septembre. Vers 1970 la statue qui était au centre de la grotte fut enlevée et jetée au fond de la clue,il y eut une enquête et une grande émotion…
En 1987 ce fut le Centenaire du pèlerinage, l’Evêque Nice Mgr François Saint Macary le présidait, un seul Evêque était venu en ce lieu avant lui Mgr Victor Balaïn également Evêque de Nice au
début des travaux vers 1889 alors qu’il se trouvait en tournée de confirmations. Lors du Grand jubilé de l’an 2000 ce fut une fête grandiose, Grace à une souscription, on avait fait
réaliser une grande « mosaïque » représentant Sainte Marie des eaux vives crée par Alain Montoir artiste établit dans le Gard. Cette œuvre fut placée sur un mur en briques enduit, offert par la Société qui assurait alors l’entretien des routes du canton. Ce jour-là deux Evêques étaient présents : l’Evêque de Nice Mgr Jean Bonfils et l’Evêque de Digne Mgr François-Xavier Loiseau, toutes les paroisses étaient présentes chacune portant la statue de son Saint Patron.