Restauration de la borne milliaire du col du Buis

Je suis passé très longtemps devant la milliaire sans la voir …

Elle était à moitié enterrée , couchée derrière la rambarde de la route ,cassée en biseau et la partie supérieure disparue .

Les bornes milliaires marquaient les distances sur les voies romaines importantes tous les miles romains , soit 1480m au départ de Rome . Dans les provinces lointaines comme
Briançonnet , Brigomagus à l’époque , cette borne ( approximativement 2eme siècle ) signalait à l’entrée de la vallée , une présence Romaine militaire et administrative sans
préciser de distance . Rien n’indique que sa position actuelle soit celle d’origine , et rien ne l’infirme , mais vu la difficulté de la déplacer , on peut supposer que c’est son emplacement d’origine . Il y avait une voie romaine qui reliait Castellane à Entrevaux en passant par Briançonnet .

Il y a quelques années , la borne disparait , sans doute déplacée par un amateur d’antiquités .
Elle est retrouvée au col du Buis , cachée sous un amas de branches . Edmond Michel et Robert Henri qui connaissaient la borne, car ils avaient travaillé toute leur vie sur la route donnent l’alerte .
Ismael Ogez avec son équipe de la DDE la remettent en place en 2014 , toujours cachée par la rambarde , et sans la partie supérieure .

Au cours de ces travaux, Ismael et son fils Baptiste cherchent en contrebas s’il peuvent retrouver la partie manquante . Ils trouvent plusieurs pierres à quelques mètres , mi enterrées , dont l’une semble correspondre en proportions . Elle est ramenée au villagedans un dépôt de matériaux .Au printemps 2017 , je vais examiner la pierre , avec l’idée de réaliser un moulage précis en silicone de la partie cassée , puis un tirage en plâtre , pour le positionner sur le haut de la milliaire . Le moulage s’encastre parfaitement , il s’agit donc de la bonne pierre .
Tout travail de restauration sur un monument antique doit être réalisé avec l’accord de la Mairie et contrôlé par la DRAC ( Direction Régionale des affaires culturelles) .
Il faut contacter la bonne personne , et c’est Patrick Simon , directeur du Musée d’anthropologie préhistorique de Monaco qui me donne le contact avec Franck Suméra , conservateur en chef du service régional de l’archéologie de la DRAC , et spécialiste de lapériode .

Après un dossier photo et un déplacement sur place de Franck Suméra , l’autorisation de travaux est donnée , en accord avec ma proposition de mettre en place des goujons d’acier , un collage par résine époxy et raccord par mortier fin au sable de silice . Les bords des deux pierres sont très érodés , ce qui montre que la cassure est très ancienne .
Le joint doit rester visible dans les restaurations en archéologie , et sera donc réalisésommairement mais respectera le profil .
Les percements à la carotteuse devront être parfaitement verticaux et en continuité dans les deux parties pour s’ajuster aux aspérités des pierres .
La partie supérieure pèse environ 500kg .
Je suis aidé pour les manutentions par Ismael Ogez, Richard Lessault , Christian Pierrisnard, Baptiste Ogez , et Willy .
Le soulèvement et scellement se fait le 27 Mai 2019 en présence de Franck Suméra .
Il faudra aménager le site , en laissant la vue libre sur la vallée et afficher un texte historique qui sera rédigé par la DRAC .

La borne milliaire reconstituée redevient la marque de l’entrée au village de Briançonnet et offre la même vision qu’à l’époque romaine puisqu’on ne voit aucune route ni construction en contrebas .
Briançonnet possède un patrimoine antique qui n’est pas valorisé.Il serait intéressant de continuer sur d’autres projets avec la DRAC.

Bernard Dejonghe